Déséquilibre significatif : nouvelle décision de la Cour d’appel de Paris
S’agissant plus précisément des clauses du contrat Carrefour, la Cour a considéré qu’étaient constitutives de déséquilibre significatif au détriment des fournisseurs :
– la disposition prévoyant la possibilité pour Carrefour de refuser unilatéralement une livraison en cas de retard de plus d’une heure (ou plus d’une demi-heure pour les livraisons en flux tendu), tout en appliquant des pénalités de retard et, le cas échéant, en obtenant une indemnisation du préjudice subi, alors que dans le même temps Carrefour n’a qu’une obligation de ponctualité de moyens et que l’indemnisation éventuelle des surcoûts subis par le fournisseur en raison d’un retard de plus d’une heure de Carrefour pourront être indemnisés suite à une négociation entre le fournisseur et l’enseigne ;
– la disposition prévoyant la possibilité pour Carrefour de retourner au fournisseur les produits promotionnels détériorés par la clientèle, dans la mesure où ces détériorations ont lieu après le transfert de propriété des produits et constituent un risque inhérent au mode de distribution de Carrefour ;
– la disposition prévoyant la possibilité pour Carrefour de refuser une livraison de produits dont la DLC/DLUO est identique à celle de la précédente livraison ;
– les dispositions prévoyant des délais de paiements déséquilibrés, à savoir 30 jours date de facture pour les sommes dues par les fournisseurs à Carrefour (étant précisé que les services de coopération commerciale font de plus l’objet d’acomptes mensuels avant d’être rendus), contre 60 jours (pour les produits alimentaires non périssables) ou 45 jours (pour les produits non alimentaires) pour les sommes dues par Carrefour aux fournisseurs.
La Cour d’appel s’est donc montrée plus sévère que le Tribunal de commerce d’Evry, qui avait retenu en première instance que seule la clause de retour des produits dégradés par la clientèle était constitutive de déséquilibre significatif.
La Cour a condamné Carrefour à une amende civile de 500 000 euros et lui a enjoint de ne plus mentionner dans ses contrats les clauses déséquilibrées identifiées ci-dessus.