Le CSA vient de rendre pour la première fois une décision abrogeant l’autorisation d’émettre qui avait été accordée à une chaîne de télévision. Le Conseil a, en effet, fermement sanctionné la société Diversité TV – éditrice de la chaîne Numéro 23 – pour avoir modifié de façon substantielle les données d’actionnariat au vu desquelles l’autorisation d’exploiter en TNT lui avait été accordée en 2012.
Parallèlement à ces changements d’organisation capitalistique dont le CSA n’avait pas été informé, la chaîne a très partiellement rempli les objectifs affirmés lors de sa candidature en termes de diversité culturelle et d’information et a fait l’objet de plusieurs rappels et mises en demeure à ce titre.
Le CSA souligne enfin que le montant annoncé du projet de cession de la société, soit 88,3 millions d’euros, était dé-corrélé de la situation financière de la chaîne. Ce montant résultait principalement de la valorisation de l’autorisation administrative d’émettre en TNT qui lui a été délivrée. Le CSA a considéré que cette démarche est constitutive d’un abus de droit à caractère frauduleux dès lors qu’elle est contraire au principe de gratuité du domaine public hertzien lequel a vocation à permettre la poursuite de l’impératif fondamental de pluralisme garanti par la loi du 30 septembre 1986 et non à soutenir des opérations de spéculation financière sur des fréquences hertziennes attribuées gratuitement.
Dans ces circonstances, le CSA a pris la décision d’abroger l’autorisation délivrée à la chaîne Numéro 23, cette abrogation prenant effet le 30 juin 2016.
En accordant ce délai, le CSA semble laisser la place à un recours gracieux si Numéro 23 renonce aux conditions du pacte d’actionnaires et au projet de cession. De manière plus offensive, la société Diversité TV garde également la possibilité d’introduire un recours devant le Conseil d’Etat pour contester cette procédure de sanction administrative.
Sabine DELOGES